Les grands moyens déployés sur les hauteurs des Taillades pour présenter le dispositif de lutte anti-incendie cet été en Vaucluse.
Même si la source de la Sorgue de Fontaine de Vaucluse vient de déborder, avec un débit de plus de 20 000 litres/seconde grâce aux derniers orages, les nappes phréatiques sont au plus bas dans le département. Il est toujours fortement exposé aux risques d’incendies. La préfète, Violaine Démaret a donc décidé de présenter en grande pompe les nouveaux matériels et règlements qui seront mis en oeuvre dès le 15 juin, c’est à dire avec 2 semaines d’avance pour renforcer le dispositif habituel.
72 000 habitations vauclusiennes à proximité d’un massif forestier
« La forêt s’étend sur 152 000 hectares, soit 42% du territoire de Vaucluse, 72 000 habitations sont proches d’un massif qui, en plus sont très prisés des touristes comme les Dentelles de Montmirail, le Ventoux ou le Luberon, nous devons donc anticiper pour agir toujours plus efficacement » a-t-elle dit à tous les personnels engagés dans la lutte et ils sont nombreux. Comme ceux des communes, du Conseil Départemental, du Syndicat Mixte de Défense et de Valorisation de la Forêt, de l’Office National des Forêts, de la Direction Départementale du Territoire, du SDIS 84 (Service départemental d’incendie et de secours), les gardes forestiers des parcs naturels régionaux du Luberon et du Ventoux et comme les 1 100 bénévoles des 68 Comités communaux des feux de forêt.
Sur le Chemin de Mouleiron ont donc été installés les différents matériels utilisés en cas d’incendies, comme un énorme pick-up jaune fluo Nissan des ‘Auxiliaires de protection de la forêt méditarranéenne’ basé à Cadenet et qui tout au long de l’été patrouillent avec une pompe nomade sur 6 secteurs, le Petit et le Grand Luberon, les collines de Basse-Durance, les Monts de Vaucluse Est et Ouest et le Bassin d’Uchaux. « Déjà, les feuilles des cèdres et des chênes ont jauni, c’est dire le niveau de sècheresse de la végétation » s’inquiète le jeune Stéphane Barberin. Un peu plus haut dans le massif, l’officier-expert Eric Barteau n’est pas peu fier de faire une démonstration de drone : »On vient de le recevoir, il pèse 4kg, il est équipé de caméras thermiques, de parachutes, de haut-parleurs et de feux quand il vole de nuit, il est très utile dans les lieux escarpés et inaccessibles pour visualiser les foyers. Nous en avons 4 dans le Vaucluse, c’est un véritable atout ».
La présidente du Conseil départemental, Dominique Santoni a évoqué les derniers incendies dont a souffert le Vaucluse, Faucon en 2020, Beaumes-de-Venise en 2021, Piolenc en 2022, « Nous avons donc investi 300 000€ dans la location d’un hélicoptère bombardier d’eau, un Ecureuil qui a déjà réalisé 19 missions l’été dernier. Nous avons aussi acquis 7 camions-citernes supplémentaires d’une capacité de 4000 litres d’eau pour la somme de 2,2M€ et avec l’Etat, nous avons à disposition un camion avec canon à eau d’une capacité de 13 000 litres, co-financé à 50% avec l’Etat, en 4 ans nous en aurons 4 en tout. » Elle a également évoqué 13 caméras à haute définition avec une visibilité de 40km « qui permettent de quadriller la totalité de nos massifs, sans parler des drones ». Elle a conclu, avec Thierry Lagneau, vice-président de l’exécutif « que le département finance 62% du SDIS ».
Violaine Démaret a insisté sur l’interdiction permanente d’allumer un feu en forêt, de faire un barbecue, de jeter des mégots, d’utiliser un camping-gaz ou d’allumer un feu de camp. Comme sur l’OLD (obligation légale de débroussaillement) imposée aux propriétaires dans un périmètre de 50 mètres autour des maisons pour éviter la propagation des flammes, sous peine d’une amende de 135€. Les pistes DFCI (de défense des forêts contre l’incendie) représentent 600Km en Vaucluse, pour permettre aux pompiers de circuler entre les arbres, 2 800 hectares débroussaillés par l’ONF et équipées de 225 citernes de 60 à 120cm3 d’eau. Aux Taillades est installé un centre de rétention d’eau (le Bassin de la Vidale) pompée dans la Durance d’une capacité de 1 800m3 « qui permet aux moto-pompes de lutter rapidement contre les feux en attendant l’arrivée de renforts » ajoute le lieutenant-colonel Philippe Chaussinand, chef du Groupement Opérations au sein du SDIS 84. Lui qui a participé à nombre de sauvetages en Zodiac lors des inondations d’Avignon, de la Barthelasse, de Bédarrides, Vaison ou de tornades, comme à Haïti, par exemple.
Le colonel Cédric Garence, patron du Groupement de gendarmerie de Vaucluse a expliqué comment travaillaient les techniciens de la « Cellule Recherche des causes » d’un incendie. « Nos experts ne viennent pas de Miami, mais ils scrutent le sol, les arbres calcinés, les traces, les indices pour savoir si un incendie est d’origine humaine, naturelle ou criminelle. Comme sur une scène de crime, et certains incendiaires se retrouvent devant un tribunal ».
Parmi les unités vitales en cas d’incendies, le camion PMA, (Poste médical avancé) avec civières, infirmière et médecin, le SSO, (Soutien sanitaire en opération), le « Véhicule logistique » dans lequel officient des pompiers vétérans, aujourd’hui à la retraite qui sont capables, lors de gros feux qui durent plusieurs jours, de proposer des boissons et des centaines de sandwiches et repas chauds aux soldats du feu. Est là également un gros camion, le « Poste de commandement de colonne » avec satellite, carte mise à jour en permanence et systèmes de transmission, capable de se déplacer sur site pour visualiser le sinistre et pour que les officiers transmettent les ordres les plus adaptés aux pompiers sur le terrain.
Au bout de 2 heures de visite et de démonstrations des différents outils dont bénéficient les 500 sapeurs-pompiers professionnels et les 1 500 volontaires, d’ explications des différents acteurs, dont Météo-France qui depuis le 1er juin propose une Météo des forêts qui, jusqu’au 15 septembre, informe et sensibilise le public au risque d’incendie (de 1 à 4) avec un n° de téléphone pour les Vauclusiens : 04 28 31 77 11, Violaine Démaret a conclu l’après-midi. « On est prêt. On a avancé le dispositif de 15 jours pour être plus réactif face à la sècheresse. On doit communiquer pour apprendre à la population les nouvelles règles, par exemple, l’accès aux massifs se fera par journée, et non plus par demi-journée pour que les touristes qui décident de faire un pique-nique avec les enfants ne soient pas obligés de faire demi-tour dans les Dentelles ou le Piémont du Ventoux à 14h » précise-t-elle.
Avant les récents incendies de Faucon, Beaumes-de-Venise et Piolenc, c’est celui de La Bastidonne en 2017 qui avait ravagé le plus d’hectares (1 300 ha). La plus grande vigilance s’impose. A un peu plus d’un mois du 14 juillet, les demandes d’autorisations de tirs de feux d’artifices seront examinés au cas par cas, en fonction du vent et du degré de sècheresse de la végétation. « Nous sommes tous conscients des risques puisque 9 feux sur 10 sont d’origine humaine, volontaire, involontaire ou par négligence et dans 36% des cas, l’étincelle d’un outil, d’une scie ou d’une tronçonneuse suffit » a conclu Violaine Démaret en remerciant tous les acteurs prêts à relever le défi et gagner la guerre du feu cet été.
Contacts : Serveur vocal 04 28 31 77 11
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