Législatives en Vaucluse : le RN arrache 4 circonscriptions sur 5, déroute pour le parti présidentiel qui n’en obtient qu’une. Déception pour la Nupes sur Avignon.
La République en panne. Alors qu’En marche comptait 2 sièges en 2017 (Jean-François Césarini et Brune Poirson), il n’en détient plus qu’un avec l’ancien patron du PS, Jean-François Lovisolo devenu macroniste, et élu hier avec 589 voix d’avance (50,81%) sur la RN Marie Thomas de Malleville (49,19%) dans la 5e où précédemment était élu le LR Julien Aubert, éliminé dès le 1er tour le 12 juin dernier.
L’abstention, 1er parti de Vaucluse
La première force de Vaucluse reste l’abstention : 223 582 électeurs sur 413 316 inscrits se sont abstenus, soit 54,09%, c’est dire le degré de défiance et de rejet du système politique.
Dans la 1re circonscription, le maire RN du Pontet, Joris Hébrard devient député, grâce à sa courte victoire (656 voix) sur le représentant de la Nupes Farid Faryssy, avec 51,14% des suffrages contre 48,86%. Celui-ci arrive en tête à Avignon (54,76%), mais Joris Hébrard totalise 67% dans sa commune comme à Morières. « La gauche s’effondre sous le poids de ses contradictions » a déclaré Joris Hébrard, au soir de sa victoire. « Je me battrai pour le pouvoir d’achat, la sécurité, le service public de l’hôpital, la LEO et la pollution que subissent les riverains de la Rocade Charles de Gaulle mais aussi contre la brutalité de la politique d’Emmanuel Macron ». Son challenger a reconnu « Avoir perdu la bataille ce dimanche, mais continuera à la mener ».
RN des villes contre ‘bobo’ des villages
Dans la 2e circonscription, celle de Cavaillon, détenue par le LR Jean-Claude Bouchet qui ne se représentait pas, c’est la frontiste Bénédicte Auzanot qui est élue avec 52,18% face à la macroniste Sylvie Viala (47,82%). Sylvie Viala totalise 73% des suffrages à Buoux (76 votants), 60% à Lacoste (150 exprimés), mais la RN Béatrice Auzanot arrive en tête dans les communes plus importantes (57,59% à Caumont, 54% à Saint-Saturnin-lès-Avignon, 53% à Mérindol et aux Taillades). La nouvelle députée « a hâte de se mettre au travail pour défendre les citoyens, face au pouvoir d’achat, à la sécurité, à la défense des services publics ». Quant à Sylvie Vialat elle reconnaît « payer la politique d’Emmanuel Macron, le rejet de sa personne ».
Hervé de Lépineau sans se forcer
Dans la 3e, le frontiste Hervé de Lépineau qui avait perdu de 423 voix face à Brune Poirson en 2017 s’est largement imposé : 59,22% face à Adrien Morénas, le sortant (40,78%). L’ancien suppléant de Marion Maréchal en 2012 obtient 68,77% à Bédarrides, 64,57% à Sorgues, 62,55% à Monteux, 61,74% à Entraigues, 59,22% à Pernes, 58,30% à Vedène et 56,52% à Carpentras. Adrien Morénas arrive en tête à Venasque (61,83%), au Beaucet (59,69%). Ils sont à égalité (104 voix chacun à La Roque sur Pernes).
Marie-France Lorho poursuit son mandat
Du côté de la 4e circonscription, la ‘bompardiste’ Marie-France Lorho, en duo avec le maire RN de Camaret (Philippe de Beauregard) est réélue avec 56,96% des suffrages, contre 43,04% pour la macroniste Violaine Richard. Elle obtient ses meilleurs scores à Piolenc (63,41%), Sérignan (61,34%), Mornas (61, 28%), Bollène (60,78%), Jonquières (60, 16%), Valréas (55,85%), Cairanne (54, 57%), Malaucène (53,52%). Quant à Violaine Richard, elle totalise 70% à Saint-Léger du Ventoux, 63% à Suzette et Villedieu, et de bons chiffres dans les villages viti-vinicoles de Gigondas (64,3%) Rasteau (59,86%) Sablet (59,78%). En revanche, les 2 candidates sont à égalité absolue avec 50% chacune à Chateauneuf du Pape (385 voix) et Savoillan (25 suffrages).
Jean-François Lovisolo sauve l’honneur
Enfin dans la 5e, la majorité présidentielle sauve l’honneur avec l’ex-socialiste Jean-François Lovisolo qui devance d’une poignée de voix (589) la frontiste Marie Thomas de Maleville (50,81% contre 49,19%). Le maire de La Tour d’Aigues est carrément plébiscité (95,65% des suffrages) à Auribeau (22 voix), une seule s’est portée sur son adversaire. Il affiche 61% à Goult, 60% à Sannes, 59% à Roussillon, 58,75% à Peypin d’Aigues, 58,54% à Gordes. La RN est en tête à Méthamis (62,26%), Lagarde d’Apt (60,87%), Saint-Christol (60,58%), Gargas (60,09%), Aubignan (57,22%), Mormoiron (53,42%). Ils n’ont qu’une voix d’écart à Saint-Pantaléon : 36 pour Jean-François Lovisolo, 35 pour Marie Thomas de Maleville. Le nouveau député de la majorité présidentielle qui se dit « Inquiet et préoccupé par la vague de contestation qui traverse le pays. Le vrai vainqueur de ces législatives dans le Vaucluse, c’est le RN, qui étend son ancrage et l’emporte très nettement ».
Du ‘Tout sauf Macron’ à la débâcle présidentielle
« Quand le peuple vote, le peuple gagne » martelait Marine Le Pen lors de la campagne pour la Présidentielle. Cela s’est vérifié hier où le ‘Tout sauf Macron’ a fait le bonheur du RN puisqu’il aura autour de 90 députés à l’Assemblée, un chiffre historique. En revanche, de 313 députés ‘En marche’ dans la précédente mandature, le parti du président a rétréci à 245 environ ce matin, loin des 289 qui lui auraient conféré une majorité absolue. Il va devoir composer avec ses oppositions. Jean-Luc Mélenchon parle de « déroute » et de « débâcle » présidentielle.
Quelles marges de manœuvres pour la 1re Ministre, Elisabeth Borne ? Malgré les soutiens du Modem et d’Horizons, le Président Macron ne pourra compter ni sur François Bayrou ni sur Edouard Philippe pour soutenir sa politique sur les bancs du Palais Bourbon puisqu’ils ne se sont pas présentés aux législatives. Pendant que dans l’opposition, les ténors du RN et de la Nupes s’égosilleront à la tribune et déposeront des milliers d’amendements pour contrer la réforme des retraites et défendre le pouvoir d’achat des Français.
« L’Assemblée Nationale n’est ni un squat, ni une ZAD » (zone à défendre) déclarait le président ad interim du RN, Jordan Bardella hier soir. Reste à savoir comment et pendant combien de temps la démocratie va pouvoir fonctionner au cœur de l’Assemblée Nationale dans les mois qui viennent et si Elisabeth Borne restera à Matignon. Autre question : avec quel gouvernement après la défaite cuisante de chefs de file macronistes comme Richard Ferrand (ancien Président de l’Assemblée Nationale) ou Christophe Castaner (ancien Ministre de l’Intérieur et Président du groupe En Marche) battu à Forcalquier.