Le 19 décembre dernier, le procès des violeurs de Gisèle Pélicot s’achevait. Par l’ampleur des faits, le courage de la victime et la nature des verdicts, la cause des femmes violentées a fait un pas décisif, dans la suite du procès d’Aix-en-Provence qui a permis, il y a plus de 40 ans, de considérer le viol comme un crime. A Mazan, 6 mois après, quelles traces a laissé cette affaire dans ce village de Provence, dont le nom a été, bien malgré lui, associé à ces crimes ?
Dans cette petite commune du Vaucluse de 6 000 habitants, il y a un point qui met tout le monde d’accord. C’est un ras-le-bol. Une exaspération profonde vis-à-vis de ces centaines de journalistes qui sont venus des 4 coins du monde pour « couvrir l’affaire ». Peu respectueux, envahissants, en quête de sensationnel, et n’ayant pas peur d’avoir recours à quelques raccourcis et simplifications, sans parler des inévitables amalgames… « Sur les 51 accusés seuls deux hommes étaient originaires de Mazan », tiens-t-on à préciser dans le village. Bref, les méthodes de beaucoup de journalistes sont sévèrement mises en cause.
La vraie victime reste Gisèle Pélicot
Ce ras-le-bol, Jean-Philippe Achard, adjoint à la mairie, le mesure chaque jour. Pour lui il faudrait presque parler de « l’affaire des journalistes de Mazan » tant la médiatisation de l’affaire a pris le pas sur la réalité. Ce que l’on reproche aux journalistes c’est d’avoir participé à une véritable stigmatisation. Ainsi, on parle « du procès des viols de Mazan » alors qu’il conviendrait plutôt de titrer « le procès des violeurs de Gisèle Pélicot ». Étonnante cette pratique journalistique qui consiste à vouloir privilégier le lieu sur les personnes. La vraie victime reste Gisèle Pélicot.
Aujourd’hui la ville a besoin de tourner la page et faire en sorte que le nom de cette petite bourgade provençale ne soit pas constamment associée à ces crimes. A Mazan la vie a repris son cours normal. Comme le disent certains habitants « c’est ceux qui ne vivent pas ici qui plaignent le plus ceux qui y habitent ». Au fond c’est le traitement journalistique qui aura d’avantage marqué les esprits que les faits eux-mêmes. Un comble.