Rendez-vous sur la chaîne de l’Orchestre National Avignon-Provence jusqu’au 21 février pour découvrir «La Femme Samouraï ». Une création du compositeur Pierre Thilloy, initialement prévue à l’Opéra Grand Avignon en mars 2020. Les productions déjà prévues et abouties méritaient de trouver un public même restreint.
Pour la 4e fois depuis la fermeture des lieux culturels, l’Opéra d’Avignon – encore installé dans la structure de l’Opéra Confluence/gare TGV – a décidé de faire une captation du spectacle prévu le 5 février dernier devant une dizaine de journalistes. L’émotion déjà dès le parking à retrouver les gestes pas seulement barrières : vérifier l’heure, éteindre son portable, regagner sa place dans une semi-obscurité, échanger avec quelques connaissances (ici professionnelles) mais avoir accès aux coulisses immédiatement puisque le lever de rideau n’a pas lieu.
Sur scène
Sur scène, les musiciens de l’Orchestre National Avignon-Provence sous la direction de Gast Waltzing masquent leur impatience dans la bonne humeur avec force accordage et nous sommes encore dans un univers occidental malgré la place vide du tambour taïkos et plus près de nous, en devant de scène, les étirements et échauffements du danseur Yon Costes. Une heure et quelques minutes plus tard, l’évidence est là : nous, professionnels avons fait partie des privilégiés ! La partition musicale de Pierre Thilloy est sensible et somptueuse, l’ostinato entêtant magnifie «La Femme», samouraï des temps modernes. La chorégraphie de Yon Costes est fluide, et intense.
La captation d’une très belle création
Certes cette captation n’a pas la puissance et la sensualité ressentie en salle, certes ce son différé peine à restituer les nuances d’une force sobre et l’intensité des silences. Le montage également peut imposer un point de vue que le spectacle en salle nous laisse libre. Mais la captation permet également de découvrir ou de s’attarder sur des détails que la vue d’ensemble ne permet pas toujours : expression lisse de Fabien Kanou aux tambours Kaïnos, concentré, mobilisé telle la pratique d’un art martial. De même les gros plans sur le danseur Yon Costes atténue la fragilité du personnage mais restitue l’émotion intacte de son jeu simple et complexe à la fois.
Rendez-vous sur le youtube de l’Orchestre National Avignon-Provence, pour une soirée au pays du soleil-levant
S’habituer à des captations ? Défendre à tout prix l’art à distance ? En ces temps si distendus et curieux il est bon d’apprécier aussi ce qu’on peut nous apporter même si c’est à domicile. Il en va également du respect dû à tous les artistes engagés dans la création d’un spectacle qui ne demande qu’à être vu et partagé.
N’hésitez pas, surmontez vos possibles réticences ;
Jusqu’au 21 février 2021. www.orchestre-avignon.com
Michèle Périn