Le constat est clair avec les dérèglements du climat les moustiques prolifèrent partout dans le monde. Jusqu’alors l’emploi de pesticides était l’unique réponse. Mais leur utilisation montre aujourd’hui toutes leurs limites, y compris sur la santé des hommes. Fort de ce constat plusieurs entrepreneurs se sont lancés dans des solutions alternatives, respectueuses des hommes et de l’environnement. C’est le cas de Qista, installée à Sénas. Mais, la démarche de cette jeune entreprise va bien plus loin…
Dans le monde, un enfant meurt toutes les 5 secondes, d’une maladie infectieuse suite à une piqure de moustique (paludisme et chikungunya principalement). Ce constat fait froid dans le dos, surtout que les quantités de pesticides répandues dans la nature n’ont jamais été aussi importantes. Pire, au moins 80% des moustiques que l’on trouve en Afrique ont développé des résistances aux pesticides, qui rendent ces derniers de moins en moins efficaces. Et certains de ces produits éradiquent aussi les prédateurs des moustiques : hirondelles et chauve-souris, un comble. Donc il est plus que nécessaire de mettre en place des solutions alternatives qui soient efficaces et durables.
Pierre Bellagambi confie sa première borne à la Tour du Valat
Pierre Bellagambi, le créateur de la société Qista, est née à Arles, au milieu des moustiques, comme il aime à préciser. Donc, il connaît le sujet… Dés 2012, il travaille sur un projet de borne anti-moustiques qui n’utilise pas de pesticide, mais un principe de bio-mimétisme. Il s’agit d’attirer les dites bestioles par l’émission de substances naturelles qui ressemblent aux molécules émises par la respiration et la transpiration de l’homme. Une fois alléchée par ces effluves faites de CO2 et d’un leurre olfactif dont la maison a le secret, les moustiques sont aspirés par la machine, et ils meurent par déshydratation.
Pierre Bellagambi confie sa première borne à la Tour du Valat, le célèbre institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes, installé en Camargue au milieu des dits insectes. Le test fût concluant. En 2014, Pierre décide de créer sa société et de se lancer dans l’aventure. D’abord installée à Saint-Rémy-de-Provence et ensuite à Aix-en-Provence (technopole de l’Arbois-Méditerranée) son entreprise est implantée, depuis 2021, à Sénas. Une position stratégique située à proximité de l’autoroute A 7. « La mairie nous a bien accompagné dans notre installation » précise, Pierre Bellagambi.
L’entreprise annonce qu’elle disposera très prochainement d’une boutique en ligne sur Amazon
Qista compte aujourd’hui 60 salariés et devrait, en 2024, réaliser un CA de l’ordre de 6 M€, dont 25 % à l’exportation. Pierre Bellagambi, son créateur s’est associé au fond d’investissement de Thierry Dassault. L’entreprise qui a bénéficié du plan France Relance est aujourd’hui en phase de bouclage d’une levée de fond de 5 M€ pour poursuivre son développement. L’entreprise annonce qu’elle disposera très prochainement d’une boutique en ligne sur Amazon. Qista , qui souhaite conserver son indépendance et avoir la maitrise sur l’ensemble de son processus de production et de commercialisation, ne sous-traite quasiment aucune fonction. Tout est conçu, fabriqué et distribué depuis Sénas. Du vrai made in France à 100 %. L’entreprise est détenteur de 3 brevets et dispose de son propre service de R&D avec un laboratoire où travaillent plusieurs scientifiques, dont le docteur Mélanie Dahoui, entomologiste et parasitologue.
Aujourd’hui, Qista a vendu et installé 13 000 machines partout dans le monde. Ses clients sont à 60 % des particuliers. L’entreprise développe toute une gamme de bornes avec une entrée de gamme à moins de 1 000€. D’autres marchés s’ouvrent à elle, notamment celui des collectivités. Ainsi, récemment les villes de Hyères et de Libourne se sont équipées respectivement 425 et 100 bornes pour protéger les zones publiques comme les squares, les écoles, les marchés, les maisons de retraite ou encore les proximités des cimetières (à cause de l’eau des fleurs des tombes…).
Si un tel équipement représente un certain investissement son utilisation est bien moins couteuse et sans impact sur l’environnement que l’emploi de pesticides. 1 gramme de leurre et 10 Kg de CO2 permettent de traiter un hectare sur deux mois avec un coût estimé 5 fois moindre que les pesticides.
Une borne intelligente
Certaines des bornes développées par Qista sont plus que des simples pièges à moustiques. Elles ne se contentent pas de les éliminer, elles les comptent et transmettent ses données à Qista qui se constitue peu à peu un observatoire de l’évolution des populations de moustiques. « Elle est la seule à faire cela » précise non sans une certaine fierté Pierre Bellagambi. Des données très précieuses pour prévenir et éradiquer avec précision. L’OMS s’intéresse d’ailleurs à ces données, qui peuvent être croisées avec les conditions climatiques et leurs évolutions. Les corrélations sont plus qu’intéressantes. Pour le PDG de l’entreprise la lutte contre la prolifération des moustiques c’est aussi avoir accès à ce type d’informations.
Qista aux Jeux Olympiques
Qista été choisie par l’organisateur des épreuves d’équitation des jeux olympiques qui se tiendront dans l’enceinte du château de Versailles. Il s’agit de protéger les chevaux d’éventuels moustiques porteurs de maladies. Pour Qista c’est sans doute une très belle médaille, une de plus qui vient s’ajouter aux très nombreuses récompenses et prix reçus par l’entreprise pour ses innovations et sa démarche en faveur de l’environnement. Un vrai champion !
Pour en savoir plus : qista.com